Face à 35 000 milliards d’euros d’épargne encore trop peu investis dans l’économie locale, l’initiative du label européen « Finance Europe » entend rediriger les financements des ménages vers les entreprises européennes, en renforçant leur transparence, leur rentabilité à long terme et leur contribution aux transitions stratégique et écologique du continent.

Un repère clair pour des investissements utiles

Le label « Finance Europe » n’est pas un nouveau produit, mais une boussole destinée à orienter l’épargne des ménages. Il concerne tous les produits existants ou à venir qui répondent à trois critères cumulatifs : allocation d’au moins 70 % du portefeuille vers des entreprises de l’Espace économique européen, orientation vers les actions afin de financer les fonds propres des entreprises, et incitation à une détention longue (minimum cinq ans) sans garantie de capital. Cette initiative vise ainsi à mobiliser l’épargne « dormante » et à la rendre plus efficace dans le financement des économies locales.

Un appui intergouvernemental et une mise en œuvre décentralisée

Lancé officiellement le 5 juin 2025 à Paris par le ministre Éric Lombard et ses homologues (France, Allemagne, Espagne, Pays‑Bas, Portugal, Luxembourg, Estonie), ce label s’inscrit dans une stratégie pragmatique, coordination entre États volontaires, hors des lourdeurs institutionnelles traditionnelles. Chaque pays pourra y associer des incitations fiscales (abattements, exonérations ciblées…), tout en confiant la distribution aux réseaux locaux de banques, assurances et sociétés de gestion. La conformité sera assurée par les autorités nationales compétentes.

Un défi de pédagogie et d’identité européenne

L’objectif est clair : rapprocher l’épargne des citoyens de l’économie réelle européenne, en soutenant notamment la transition verte, l’innovation et la souveraineté stratégique du continent. Toutefois, ce label devra rivaliser avec une offre française déjà dense (PEA, assurance-vie, ISR, PER, etc.) et surmonter le manque d’habitude des épargnants pour les actions. Son succès reposera donc sur une communication pédagogique forte, une crédibilité claire et une harmonisation réaliste des incitations fiscales entre États.
Le label « Finance Europe » promet de faire de l’épargne européenne un moteur tangible de croissance, en alliant performance et utilité économique. Sa mise en place en 2026 – selon les prévisions – représente une première pierre vers l’union des marchés de capitaux. Reste à voir si les Français et Européens sauront saisir cette opportunité pour transformer leur épargne en levier de souveraineté et d’innovation.